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PisciNews
3 septembre 2021

Humeur d'un jour

 

Night-Creatures

Belle créature de la nuit, mille tournures usées suffiraient-elles à relever les essences de ton âme meurtrie ? Un million de mots délavés satisferaient-ils la peinture des fébrilités de ton cœur apeuré ? Mais j'ose. J'ose lancer, dans les abîmes rosés et mous des dérives de mes passions enfiévrées, les errances de mes sens affolés. Plus encore, dois-je insister, je me jette, comme cet autre, dans le reflet de mes songes, dans l'océan de mes incertitudes jamais entièrement cicatrisées. Et tant pis si je me trompe. Ce combat contre qui, contre moi, contre tout, n'est pas mon lot, il est ma joie. Il est la promesse, fugitive et abondante, de douceurs élégantes et raffinées. Quand je te vois, des mots jaillissent et s'écrasent violemment sur la page vierge de mes espoirs. Ils remplissent, comme une fanfare délurée s'empare des rues de nos villes pour un instant jubilantes, les interstices désordonnés de ma folie bientôt sans gouverne. Et tout paraît tellement plus grand, tellement plus fort, quand l'image de ma main dans la tienne, sous les lumières d'une nuit rassurante, s’épanouit dans nos réalités bientôt partagées et que les ombres de nos peurs s'exilent vers les territoires inconnus des replis de nos inconsciences détraquées. Mais je ne crie pas. Je me réserve, ma joie est contenue. Sagement, j'aime ces choses qui durent et je modère mes appétits pour prolonger le voyage, le rendre agréable et le poursuivre sans fin, comme si tout était déjà conclu et qu'il ne restait plus qu'à prospérer dans nos caresses et nos baisers. Et après, si nos chemins doivent dériver, à l'est, à l'ouest, toi au Nord et moi au Sud, le souvenir agréable d'une soirée à discuter des tristes vérités de la réalité, même s'il ne triomphera pas de notre extinction, résistera peut-être jusqu'aux limites exaltées de nos vies rassasiées. Des mots traverseront le temps, traverseront nos précarités, et rugiront à nouveau dans un plus tard où la littérature sera devenue le luxe abscons d'une aristocratie bourgeoisement éclairée à la lumière des incertitudes de tous les autres. Notre vaisseau éthéré transportera les mots inspirés par nos sens, pour d'autres paysages, d'autres morales et d'autres humanités encore sans visage. Il lancera, plus loin que trop loin, les projets interdits de nos envies les plus douloureuses et tout sera alors tellement plus calme, si calme et si reposant. Le répit s'annonce mais quelques doutes résistent et le meilleur des choix sera désormais de s'abandonner, comme en offrande aux lois de l'univers, aux chimères obscures et incontrôlable de ces temps qui s'annoncent : les nôtres. La longue apnée de nos années passées disparaîtra et nous pourrons peut-être enfin respirer, sagement cachés loin de la houle qui règne en surface, de cette agitation qui gouverne les êtres effrayés par notre faim de liberté.

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