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PisciNews
4 septembre 2021

Un goût de mièvre

Atypical-Season-4-1280x720

Après avoir passé deux heures en compagnie du sympathique personnage principal d'Atypical, j'ai comme la nausée. S'il est vrai que ce garçon autiste a la répartie caustique, son entourage est quant à lui passible de la peine capitale pour une série Netflix : être réduite aux diffusions en cours dans le flux qui pollueront pour le reste de l'éternité la probité de nos choix faits sans contrainte. Que s'est-il passé ? Il semblait tout à fait jouissif de regarder évoluer cet adolescent dans des environnements hostiles où sa sincérité, touchante et agressive à la fois, le poussait au crime de liquider sans sournoiserie tous les codes de la bienséance. Je m'y suis plu quelques temps, c'est vrai, mais le Made in America a commencé à me peser dès le 4e épisode. A ce moment, je ne pouvais participer de ce rêve mielleux qui hurlait pour mon entendement que la vie des banlieues WASP bien-pensantes était peut-être ce à quoi je tendais en mon for le plus intime, aux alentours de cette inconscience collective qui nous rabâche aigrement, depuis ces 80's complètement fake, les joies d'être une famille méritante, certes, mais pleine de guimauve bon marché. Ah ça, j'ai marché. Jeez ! J'ai même couru après cette hallucination, à la recherche de quelque soubresaut intrépide pour pimenter ce discours familialiste dégoulinant de stupre. Oui, la mère s'en arrache rapidement, quitte à en aimer deux à la fois mais l'épée à deux mains du bureau de la censure morale aura tôt fait de mettre des barreaux dans les pattes de cette femme aux prises avec les démons de l'exclusivisme sexuel. Ainsi, alors que le héros s'affranchit de tout pour exister pleinement, si tant est qu'on lui assigne le droit à une sexualité « comme les autres », l'histoire lui fait vivre le cauchemar de la vie telle qu'elle commence à apparaître à ses yeux : implacable et hypocrite.

J'ai pu un instant m'identifier à lui, tout mielleux que j'ai pu être en des temps même pas si lointain, mais la fête s'est achevée sur un refus sans partage de continuer à supporter le suppositoire prude et presque évangélique du sens caché de cette série US qui promettait beaucoup. Il est admis que ce garçon est hors-les-clous et qu'on finit par l'apprécier pour sa répartie d'une honnêteté confondante mais pouvais-je m'en satisfaire, quoi... 4 saisons entières ? Le couperet est tombé, je file ! Pour tout dire, je ne suis pas un hère facile à contenter. Je penche souvent vers les productions un peu mind-fuck et Atypical était presque de cette trempe. Dommage. Maintenant, que faire ? Souffrir tous les personnages stéréotypés de cette série pour en imiter l'absence de réalisme ? Le monde est cruel et Atypical ne l'énonce que pour nous ranger du côté des perdants de l'Histoire, cet Hollywood vertigineux de moraline débile qu'on voudrait nous faire bouffer au kilomètre pour nous éduquer « sainement ». Proust soit loué, nous avons décidé d'aller perdre notre temps ailleurs. Et pourquoi pas sur une production vidéoludique absconse, juste pour l'indélicatesse de plonger nos mains dans le cambouis. Car il est de notoriété que nous aimons vivre des aventures fantasques sans nous gaver d'un scénario qui ne brille que par les à-côté qu'il disperse au plein centre du rêve américain, qui nous détruira corps et âme à dessein de faire de nous les esclaves de la vie bonne selon qu'elle est énoncée par la psychologie clinique conquérante d'un pays en perte de vitesse et qu'on délestera un jour pour de bon de son rôle de gendarme du monde. Passez votre chemin, moi je suis sur le point de vomir...

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